C’était pourtant beau les pigeons à Beaubourg, les yeux noirs, l’objectif, et le secret. Paris ne s’est pas fait en un jour, mon amour. Les « tu » et les « vous » mélangés dans les bulles de mon diabolo.

La balançoire était mouillée…Oui  je pousse pour voir plus haut. Oui j’y mets tout moi, toutes mes forces, toute mon âme. Oui je m’envole avec toi. Et je vois de tes yeux et je bois de ta bouche, et j’effleure de tes mains.

Ton visage s’est fermé, les ciseaux ne veulent pas de moi. Le cheveu glisse. J’ai peur, j’ai chaud. Je me sens laide. Je me noie. Je pleure et je m’enfuie. Je te pousse et je hurle ma colère, mon désespoir à tes mots durs. Ce soir, c’est mon anniversaire.

Le vin est sur la table, la guitare me parle derrière tes mots, la viande est rouge dans l’assiette, moi aussi. Je n’ose pas te répondre, j’ai touché le ciel, mon paradis. Je suis seule et j’y fais des pirouettes, dans l’allégresse du vide, tel un cosmonaute. J’ai bu, j’ai envie de faire l’amour.. de nager.. de lire des mots, des mots, des mots… J’ai envie de chanter, de danser… j’ai envie.

Briller comme le soleil ?! A vingt ans ? Ton pas est tranquille, voire nonchalant, je sautille derrière toi. Viens, on va voir le soleil…

C’est à cause du pull bleu, ils l’ont vu sur moi, les jaloux, je suis toute égratignée… mais j’leur ai pas donné.

Le canal St Martin est gelé, c’est notre après midi, Paris nous attend. Sans bruit, j’ai fermé la porte derrière nous, des fois qu’il y ait des gens.

Les flacons de parfum anglais, les parquets des beaux magasins, les étoffes mates comme la peau, les tableaux, et la promiscuité dans la rue.

Les coupes de cheveux, partout…

Partout la trace de la lame : dans la fibre de la veste, sous le chapeau, et les franges hautes sur le sourcil. Tout est burlesque et coloré, quand la misère côtoie la marginalité, sur un air d’orgue de barbarie.

Le ciel s’est assombri, mes valises sont lourdes, Montparnasse est bondé. Je m’esquive parmi la foule, sur la pointe des pieds, puisque le temps est à autre-chose, puisqu’il faut refermer le livre, puisque ton regard s’est tourné.

Je n’oublie rien, j’ai tout emporté, un peu de notre soleil, pour en avoir, « plein les poches et dans d’autres endroits…où mes mains ne vont pas ».

Catégories : Un brin de poésie

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