Je n’en parlerai pas au téléphone.

Je n’ai plus écrit depuis tant. Depuis le début de cette nuit profonde, dont je me laisse traverser silencieusement. Pas d’alarme ou d’alerte, je me lèverai demain et serai la consultante empathique et habitée d’amour dans la cour des grands. Je n’ai plus écrit parce que c’est comme ça, que ça se passe d’explication, que ça n’a de sens que pour moi, que je le fasse ou pas.

Je suis née à cela aux alentours de mes 10 ans, un soir sur le lit de mes parents, en regardant la télé. Un texte, sur un cahier d’écolière, débarqué de nulle part, écrit de ma main, le professeur m’a traité de menteuse, ne croyant pas qu’il était de moi.  Qu’est-ce qui s’est passé, aucune idée. C’est là. C’est tout.

La seule chose, c’est que vous encombrer de mes mots, de mes maux, sans générer vos inquiétudes, difficile. Je m’étale, je me répands, s ‘il est assez tard, sans vouloir donner alerte, mais juste noircir une page, par pulsion, venue de là où j’en sais rien et dont il n’y a rien à dire. Rien à ajouter. Rien à commenter, de ma voix.

Je n’en parlerai pas au téléphone.

Je reprends ma plume, comme avant, comme toujours, c’est tout. Et je le fais ici avec vous parce que c’est vous qui m’accompagnez depuis quelques années maintenant avec cette pudeur, cette élégance de cœur que je vous connais sans vous avoir, pour certains, jamais vu. Vous faîtes partie de mon équilibre, si l’envie de me lire vous parle encore, alors ça sera au creux de ma bulle, comme d’habitude. Et nulle part ailleurs.

Je n’en parlerai pas au téléphone.

Catégories : Un brin de poésie

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